Véronique Derache

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Il est là, assis sur le trottoir parisien, seul, comme tant d’autres.

Grand corps maigre, courbé, fatigué,  beau visage, buriné, couturé de cicatrices .

On pourrait y lire  comme dans les lignes de sa main, l’histoire d’une vie : deuil, abandon, solitude, alcool, misère… 

 

C’est l'affluence de 17 heures, la foule passe indifférente, personne ne le regarde et lui ne semble plus voir personne.

 

Mais, soudain, au passage d’un enfant il relève la tête, j’aperçois ses yeux et je reçois de plein fouet le choc de son regard.

Comme un éclair d’azur dans ce visage terreux, fulgurance  de deux lumières bleues, toute une vie concentrée là… 

Et sur ce trottoir parisien, dans sa crasse et sa misère il est soudain transfiguré.

 

Il est un bel enfant innocent, un grand jeune homme plein d’espoir, un homme dans la force de  l’âge, sûr de lui et serein. 

 

Que lui est-il arrivé, quels chagrins, quelles ruptures, quelles blessures l’ont conduit là, sur ce trottoir parisien. Quelle  terrible fatalité a fait de lui cet inconnu solitaire et désespéré ? 

Nous ne le saurons jamais, mais ce regard bleu, lumineux,

comme la part intacte de lui même.

Le royaume minuscule et profond où se terre son humanité.

 

Ce regard-là nous rappelle qu’autrefois il était vivant, heureux et plein d’espoir.  

Comme nous …